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Le syndicat national des animaleries

Reportage TF 1 - Guadeloupe

PlecoJeudi 31 janvier 2019, le journal du soir de TF 1 a diffusé un reportage intitulé "Guadeloupe : ces espèces envahissantes". Passionné de nature et de biologie, un tel sujets ne pouvait que m'intéresser au plus haut point.

Qu'y voit-on ? Dans la première partie, consacrée à la faune aquatique, une équipe d'agents du Parc national de la Guadeloupe part en expédition dans un cours d'eau de montagne pour procéder à un recensement des espèces présentes. Ce recensement est mené au moyen d'une pêche électrique, méthode controversée que la plainte de quelque association de protection animale amènerait à répondre d'actes de cruauté envers les animaux.

https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/guadeloupe-espe-envahissantes.html (Désolé pour la publicité)

On voit également une chargée de mission délivrer un message convenu sur les espèces envahissantes. Mai c'est là que tout dérape. Si le jour du tournage aucun spécimen d'une espèce étrangère à la faune locale n'a été trouvée, la responsable sort d'une boîte un poisson prétendument recueilli précédemment, conservé dans du formol qu'elle présente comme étant un "pléco", appellation ambiguë qui désigne, habituellement Hypostomus plecostomus, et exhibe un beau spécimen de ce qui apparaît être une femelle du genre Ancistrus, genre qui compte une centaine d'espèces et que la seule vision furtive ne suffit pas à identifier. De plus, cette personne se plait à préciser que ce spécimen a été acheté en animalerie et que le détenteur s'en serait débarrassé en l'introduisant dans le milieu naturel. 

Le problème est qu'il est exigé des professionnels la détention d'un certificat de capacité, d'une autorisation d'ouverture pour lesquels sont exigés une connaissance absolue des espèces qui y sont mentionnées et que lorsque qu'une espèce n'y figure pas, c'est la sanction décidée par .... ces agents dont l'un des représentants fait étalage de sa méconnaissance des espèces.

Quels enseignements en tirer ?

  1. Les Loricariidae, famille à laquelle appartiennent les genres Hypostomus, Ancistrus ainsi que plus de 100 autres genres, compte plus de 700 espèces dont l'identification ne peut être menée que par des spécialistes, dont font partie, à mon avis, les professionnels de l'animalerie puisqu'ils ne commercialisent que certaines de ces espèces.
    Par le passé, j'avais insisté auprès du bureau concerné au ministère chargé de l'environnement, pour que les listes puissent être déposées de façon assez large (par ordre ou par famille, par exemple) ce qu'a partiellement consacré la Circulaire DGALN/DEB/PEM N° 2009 - 06 du 29 septembre 2009 permettant d'assouplir le formalisme requis, rédigé comme suit :
    Afin d’éviter au demandeur de nouvelles démarches et aux services administratifs de nouvelles procédures d’instruction lorsque le bénéficiaire du certificat de capacité voudra acquérir de nouvelles espèces d’une même classe zoologique et d’entretien plus simple ou similaire à celles pour l’entretien desquelles il a déjà eu le certificat de capacité, je vous engage à inviter le requérant à formuler une demande pour une liste d’espèces large (genres, familles ou ordres) répondant à ses besoins à long terme.
    La difficulté pratique à cela est que cette disposition est souvent contestée par les agents des DDPP ou DDCSPP qui exigent des listes précises et que les requérants rechignent à contrarier les fonctionnaires par crainte de devoir, par la suite, essuyer des contrôles particulièrement sévères pour avoir osé une telle rébellion.
     
  2. Les agents chargés des contrôles sont ceux de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), dont les prérogatives sont, notamment, définies au 1° du II l'article L.172-1 du Code de l'environnement ainsi qu'à l'article L.415-1, et donc précisément la personne qui apparaît dans ce reportage dans lequel elle fait étalage d'une grave méconnaissance de son sujet.
    Si le spécimen mal identifié venait d'être récolté, on pourrait comprendre une telle méprise, mais pas dans le cas d'un animal recueilli préalablement et que l'étude sommaire, même par un béotien aurait permis d'identifier, ne serait-ce qu'en définir le genre puisque les odontodes très visibles sur le spécimen exhibé, sont la marque caractéristique de ce genre qui tire son nom du grec ?γκιστρον (ánkistron, agkistron) "petite ancre, crochet".
    Ce qui est particulièrement inquiétant est le manque de recul d'agents qui, plutôt que de reconnaître la difficulté de la tâche font étalage d'ignorance alors que, du fait de leur assermentation, leur parole est d'or devant la justice.  

 

 

 

Lorsque j'ai vu ce reportage, j'ai pensé à le traiter dans quelque jours, mais le commentaire, repriduit ci-dessous, laissé sur un réseau social :

Les bouffons de la « police de nature » .. ils parlent de pleco .. et ils le montrent .. c’est un ancistrus !!! Un ancistrus femelle !!

m'a convaincu d'agir sans délai, merci Florence.

Florence est une ancienne adhérente qui a dû cesser son activité il y a environ un an, en raison de la concurrence d'une chaîne bien connue. Il ce trouve que Florence est titulaire d'un certificat de capacité mais que, lors de sa demande d'extension, celui-ci ne lui a été accordé que de façon probatoire : peut-être avait-elle confondu devant la Commission départementale dans laquelle siègent de plein droit ces policiers de la nature, un Ancistrus temmeckii avec un Hypostomun plecostomus ou avec un Pterygoplichthys gibbiceps,

Il se trouve que le matin même, Florence qui est en recherche d'emploi dans le domaine de l'animalerie, avait reçu, dix jours après un entretien avec le responsable régional d'une chaîne d'animaleries, un mail par lequel on lui faisait savoir que sa candidature n'était pas retenue !


Je pense également à Patrick, un autre de nos adhérents, qui s'est vu présenter devant un substitut du procureur de la République pour une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) pour laquelle, sur la seule foi des déclaration d'un agent de l'ONCFS, il lui a été proposé de reconnaître sa culpabilité, payer une amende conséquente alors que délit en question est lié à une identification litigieuse, laquelle peut entraîner des obligations réglementaires. Bien entendu, sûr de son bon droit, Patrick a refusé de reconnaître quelque infraction que ce soit.


Depuis très longtemps je conteste cette réglementation qui fait que le service instructeur est le même service que celui qui procède aux contrôles, faisant des DD(CS)PP à la fois juge et partie.

Les commission départementales dans lesquelles les représentant de l'administration sont très majoritaires, ne laissent qu'une portion congrue aux représentants professionnels et, à l'initiative des préfectures, les sièges réservés aux représentants d'usagers sont souvent phagocytés par des clubs ou associations dont les représentants oublient l'apport du secteur marchand dans la valeur ajoutée du pays, l'importance des emplois directs et indirects induits.

J'espère que cette situation permette aux autorités de réévaluer cette problématique à l'aune de cet article.

 

Luc Ladonne
Président du SYNAPSES

Date de dernière mise à jour : 02/02/2019

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