Le Monde de Dory
Le 23 juin 2016 nous avons été contactés par une journaliste de la fondation 30 millions d'amis au sujet de la sortie sur les écrans, du film de Pixar "Le Monde de Dory".
Nous avons volontiers répondu à un interview et la journaliste nous a transmis la version en ligne, de son article.
Il nous faut procéder à quelques remarques :
- Nous ne cautionnons nullement le titre de l'article, dont il n'a pas été question. En effet il se vend depuis très longtemps des Paracanthurus hepatus pour l'aquariophilie marine, bien avant d'ailleurs la sortie du film Le monde de Némo il y a près de 15 ans et Dory y était déjà présente ;
- En 2003, au moment de la sortie du Monde de Némo, nous avions mené une campagne de préventions qui s'est révélée inutile, le public Français n'ayant pas les même réaction que l'Américain.
- Certes, si des pratiques condamnables ont eut cours au début de l'essor de l'aquariophilie marine, les pratiques dénoncées dans l'article n'ont plus cours, du moins pour les fournisseurs qui alimentent les marchés occidentaux et on peut signaler l'activité d'organisations amies telles OFI (dossier sur lequel nous avons travaillé avec le regretté Alex Ploeg), OATA (Royaume-Uni), EPO et PIJAC (USA) ainsi que les certifications de Marine Aquarium Council auxquelles ont accès les opérateurs qui en acceptent les cahiers des charges. Ainsi, la pêche au moyen d'explosifs ou de cyanure relèvent de légendes urbaines, mais ce point n'avait pas été évoqué lors de l'interview.
- Fort d'une longue expérience professionnelle, nous ne partageons pas certains propos de acteurs. En effet les établissements de vente sont encadrés par des personnes titulaires du certificat de capacité délivré par les services préfectoraux, après instruction par la DDPP (ex DSV) et passage en Commission consultative départementale. Nous tenons à préciser que Paracanthurus hepatus figure sur la liste de espèces pour lesquelles le certificat de capacité par l'entretien d'espèces non domestiques, peut être délivré de façon simplifiée, aux personnes qui ont réussi aux épreuves professionnelles du Bac Pro TCVA.
- Enfin, si le poisson chirurgien Paracanthurus hepatus est très présent dans les aquariums, c'est en raison de sa importance relative sur les lieux de pêche et les spécimens capturés sont essentiellement des juvéniles, issues de larves pélagiques fortement exposées à une prédation naturelle. D'ailleurs cette espèce de poisson n'a pas fait l'objet d'une protection particulière au titre de la CITES comme le sont ou l'avaient été Pterapogon kauderni, Cheilinus undulatus ou l'ensemble du genre Hippocampus tout autant que nombre d'invertébrés marins (Scleractinia spp., Tubiporidae spp., Milleporidae spp., Stylasteridae spp., Tridacnidae spp.) pour n'évoquer que les espèces marines qui ont un intérêt en aquariophilie marine ou récifale. Les inscription aux annexes de la CITES sont en général précédées par une inscription sur la liste rouge de l'UICN. Ci-dessous les personnes intéressées pourront prendre connaissance de la fiche concernant cette espèce.
- Les paranthurus hepatus, importés destinés à l'aquariophilie, sont toujours des juvéniles, en atteste leur livrée caractéristique bleu et noir, alors que les adultes reproducteurs sont d'une plus grande taille (30 cm, environs) et arborrent une livrée teintée de jaune sur la partie ventrale. Seuls les juvéniles ont une réelle valeur pour l'aquariophiliie, en raison de leur couleur ainsi que pour une question de coût de transport aérien.
Témoignage recueilli d'un professionnel de l'aquariophilie ayant assisté à une séance de pêche : Les Paracanthurus hepatus sont très nombreux et d'un tempérament grégaire. Dans la zone indo-pacifique, la pêche de ces animaux, juvéniles dont la taille ne dépassent pas les dix centimètres, se pratique sur le plateau continental à une profondeur d'environ 20 mètres. L'approche de l'homme fait fuir plusieurs dizaines d'animaux dans la protection des multiples interstices d'un squelette de corail mort. Les pêcheurs entourent alors ce corail d'un filet, en cassent la base (ce qui est regrettable, j'en conviens), et remontent le tout sur le bateau. Les poissons en sont alors délogés pour être stockés dans un bac. Le corail mort est ensuite immergé. |
En conclusion, nous pouvons affirmer que la maturité d'éventuels acquéreurs sera fortement dissuadés par les professionnels responsables, d'une part ainsi que par le budget conséquent et l'emplacement nécessaire dans les habitations. Nous serons vigilants mais pouvons, d'ores et déjà rassurer les pouvoir publics comme nous l'avions déjà fait en 2003, à la satisfaction du Ministère chargé de l'écologie et du développement durable.
Article mis en ligne sur le site 30 millions d'amis
Le monde de Dory : n’achetez pas de poissons-chirurgiens !
La jolie petite Dory, reine du nouveau film de Pixar, pourrait bien déclencher des vagues d’achats compulsifs de poissons chirurgiens. Mise en garde de la Fondation 30 Millions d’Amis sur un effet de mode qui pourrait fragiliser cette espèce en péril.
Le poisson-chirurgien est une espèce rare et fragile. © Natalia Shcherbakova - Fotolia.com
Des nuances incroyables de bleu, de noir et de jaune… C’est sûr, Dory a de quoi plaire ! Ce poisson-chirurgien, star du nouveau film de Pixar Le Monde de Dory sorti le 22 juin 2016 au cinéma est un poisson tropical qui pourrait bien susciter la convoitise des enfants… aux dépens de l’espèce. La Fondation 30 Millions d’Amis met en garde ceux qui voudraient se le procurer : ce poisson est rare ! La Fondation déconseille donc fortement d’acheter cet animal qu’il faut préserver. « C’est un poisson fragile prélevé dans l’océan indien. Il succombe d’ailleurs souvent lors de l’importation à cause du stress des conditions de voyage » détaille Franck Lalande, du magasin Tropical Fish (77) qui a longtemps vendu des poissons d’eau de mer. De plus, ce poisson a des besoins très particuliers : « Il est végétarien et a besoin d’un aquarium d’eau de mer d’au moins 300 à 400 litres. Par ailleurs, il peut vivre entre 15 et 20 ans en captivité donc c’est un investissement sur la durée ! » poursuit-il.
PRÉLEVÉS DANS LA NATURE
Le poisson-chirurgien est prélevé en pleine mer, principalement en Indonésie et aux Philippines. Mais sa pêche est loin de respecter la nature : les scientifiques américains dénoncent l’utilisation du cyanure, un moyen rapide et efficace d’étourdir un poisson pour l’attraper plus facilement. Une méthode qui provoque la mort du corail et des autres poissons qui y vivent. Même le poisson capturé pourra mourir d’intoxication dans les semaines qui suivent.
LE PRÉCÉDENT NEMO
En 2003, après la sortie du dessin animé Le Monde de Nemo, les États-Unis et l’Angleterre avaient été confrontés à une augmentation de 30 à 40 % des ventes de poissons-clowns. Vendus à des personnes inexpérimentées, ces poissons ont rapidement succombé ! Il semblerait que la France ait échappé à un tel boom : « Nous avions diffusé une communication pour mettre en garde contre l’achat compulsif des poissons-clowns mais elle s’est avérée inutile car les professionnels étaient bien formés et ont refusé de vendre ces poissons. précise Luc Ladonne, délégué général du Synapses, le syndicat national des animaleries. Nous n’avons donc pas observé de hausse de vente en 2003. »
« Nous nous sommes heurtés à l’incompréhension des gens non-aquariophiles à qui nous refusions de vendre des poissons-clowns parce qu’ils n’avaient pas la capacité de les accueillir. Mais il était hors de question que des poissons soient sacrifiés sur l’autel de la pub ! » précise Franck Lalande, du magasin Tropical Fish.
SOYONS RESPONSABLES !
Heureusement, le poisson-chirurgien étant vendu à un prix assez coûteux (minimum 50 €) et l’offre étant limitée, il ne devrait pas non plus faire l’objet d’une hausse des ventes. « Le coût d’acquisition de ce poisson et du matériel qu’il nécessite ainsi que son adaptation à l’aquarium est dissuasif », explique Luc Ladonne.
« Pour l’instant, nous n’avons constaté aucune demande pour les poissons-chirurgiens mais il est encore tôt pour faire un vrai bilan » assurent-on du côté de la communication des animaleries Truffaut et du magasin All Marine, spécialiste des poissons d’eau de mer à Collégien (77).
Bien que le poisson soit l’animal de compagnie le plus répandu en France avec près de 35 millions d’individus, la Fondation 30 Millions d’Amis rappelle que tout animal est un être vivant et sensible. Il a des besoins spécifiques et doit faire l’objet d’une acquisition responsable… et réfléchie !
Date de dernière mise à jour : 02/07/2016